dimanche 21 mars 2010

Quand je vais au marché, je mets dans mon petit panier...

Quand je conduis

En Saskatchewan

Je passe dans les villages

Et je vois :

 

Un Ascenseur à grains (ces icônes que sont les silos des prairies)

Un Aréna (pour jouer au hockey)

Un Restaurant familial

Une Station d’essence

Un Magasin général

...

dyschromatopsie

Un bon exemple de daltonisme : Mathieu Gaudet raconté aux enfants.

Doug Bailey, au milieu de la prairie : «  C’est vraiment plus beau ici quand les champs sont verts. »

Mathieu : «  Mais ils sont verts. D’accord, ils ne sont pas très frais, mais ils sont verts. »

Jean-Sébastien, le regard incrédule : « Où vois-tu du vert? »

M. : « Ils sont quelle couleur alors? »

J.S. : « Ils sont jaunes et bruns! Comme du sable. »

M. : « ... »

Doug Bailey

Mari de Lynne Gilmore Bailey, la directrice artistique et seule employée de l’organisation Prairies Debut, qui a organisé notre tournée, Doug Bailey est avec nous depuis vendredi matin. Comme l’horaire est chargé, il nous accompagne et nous conduit dans les petits villages à deux heures de route de nos hôtels.

 

*En passant, Lynne est la soeur de la mère de John Montgomery, le maintenant célèbre Skeletonneur médaillé d’or à Vancouver. La voiture dans laquelle nous passons des heures arbore d’ailleurs fièrement l’emblème « Mission Montgomery » sur la lunette arrière. *

 

Doug est un gars fantastique et le voyage est définitivement amélioré par sa compagnie. De bonne humeur, il nous explique les rouages ce pays dans le pays, nous parle des gens, de leur vie. Et, très intéressant, il nous parle de l’agriculture.

 

Doug, donc, a hérité d’un peu de terre au Manitoba il y a plusieurs années et a décidé de devenir fermier. Pendant 35 ans il a fait pousser, entre autres, des pommes de terre. Beaucoup de pommes de terre. Son client principal est McCain, qui revend ensuite aux chaînes alimentaires, dont, en grande partie, « Rotten Ronnie », le nom affectueux donné par Doug au restaurant responsable en grande partie de son succès personnel : McDonald’s.

 

Naomi Klein, avec son essentiel No Logo, avait déjà alerté toute une génération du trop grand pouvoir qu’ont sur nos vies les méga-entreprises, mais il est bon de se rafraîchir la mémoire une fois de temps en temps. Ainsi, le prix obtenu par les producteurs est directement dépendant de la santé financière de Rotten Ronnie. Pour assurer un volume suffisant, Doug, comme tous les producteurs ou presque, vaporisait trois agents sur ses cultures : un anti-fongique, un fertilisant et un anti-parasitaire. Selon lui, sans ces technologies, on ne pourrait pas nourrir toute la population terrestre.

...

Je vous laisse formuler intérieurement votre propre commentaire.

Doug précise que les cultivateurs biologiques ne seraient pas d’accord avec ses affirmations. Il reste que c’est comme ça que ça marche présentement, qu’on se le dise. Il n’en tient qu’à nous d’imaginer et de créer une autre façon de fonctionner...

...

Et maintenant, une question pour voir si vous suiviez. Quel est le lien de parenté entre Lynne Bailey de Prairie début et de John Montgomery, champion de Skeleton?

Question bonus: Quel état américain a Montgomery comme capitale?


Réponse:

Elle est sa tante.

Alabama


Regina Musical Club

Un des plus vieux au pays - plus de cent ans - le Regina Musical Club représentait notre « meilleur » récital : un théâtre de 400 sièges avec une acoustique surprenante, un Steinway 9 pieds, un technicien, le tout dans un campus universitaire. Malheureusement, il y a avait un concert de l’orchestre de Regina en même temps et le public était plutôt mince, mais très attentif et très appréciatif. Je ne pense pas qu’il y avait de journaliste, et c’est dommage car je pense bien que nous avons atteint notre summum hier.

 

Après le récital, nous avons été invités à boire un scotch chez un couple fantastique. Elle, hollandaise, et lui, polonais, ils ont immigré il y a 55 ans et participent depuis activement à bâtir le centre du pays. Généreux, passionnés, travaillant, ils sont arrivés avec rien dans les poches mais une attitude à toute épreuve, comme tant d’autres comme eux. Aujourd’hui leurs petits-enfants sont avocats ou hommes d’affaire et n’ont plus l’accent polonais ou hollandais, et peut-être à part leurs patronymes, on ne peut les différencier des descendants anglo-saxons. On oublie donc trop facilement le travail de ceux qui sont venus pour développer la société canadienne.

 

Big Sky Country

Sur la route pour Estevan, Saskatchewan. Déjà le dernier concert, nous revenons à Montréal demain (lundi). Les dernières journées ont défilé en rafale, et j’aurais eu beaucoup à écrire mais j’ai eu peu de temps. Je profite donc de ce dernier voyage dans le « land of big sky » pour transformer en format binaires quelques impressions, anecdotes et idées en vrac.

samedi 20 mars 2010

O Canada

Concert a Shaunavon hier, saskatchewan. Superbe pays. Plaines qui roulent doucement, quelques arbres, quelques petits puits petroliers, un sentiment d'immensite et de paix qui se rapproche un peu du Nunavik...
Ils ont un concert classique par annee. Nous etions dans un gymnase, qui sonnait fort bien par ailleurs, et la salle etait pleine. Avant le concert, ils se sont leve et ont chante notre hymne national.
Apres la musique nous sommes alles au Musee voisin, ou une jeune fille quebecoise, en voyage dans le cadre de Katimavik, nous a presente Salvafor Dali!
Ce soir, concert au Musical club de Regina.

A bientot,

Mathieu

mercredi 17 mars 2010

150 km /h

J'espère que la police ne lit pas ce blogue. Mais peut-être n'ont-ils pas le droit de donner des contraventions à posteriori?
J'espère aussi que mon père ne lit pas ce blogue. Non seulement ne voudra-t-il plus jamais me prêter son auto, mais j'ai peur qu'il considère que 20 ans de paternité intensive ont été jetés aux chiens...
Il se trouve que Jean-Sébastien ne conduit pas [encore]. Ayant tout de même hérité quelque peu du plaisir de tenir la roue que partagent mon père et 2 de ses frères aux grandes oreilles, je ne m'en plains pas du tout, je peux donc conduire tout le temps.
Le chemin de retour entre Snow Lake et Thomson s'étirait en ligne droite. On croisait environ 1 auto/camion aux 20 minutes. Et nous étions à la dernière minute pour attraper l'avion qui nous ramènerait à Winnipeg. 
J'ai donc appris, encore, que tout est relatif. Quand on conduit à 150 km/h pendant quelques temps, on a l'impression d'arrêter quand on rallenti à 110!! C'est vraiment étrange.

Nouvelles musicales:
les concerts à Steinbach (communauté mennonite allemande) et de Snow Lake, tous deux au Manitoba, se sont très bien passés. Nous profitons au maximum de ces belles occasions de tester le "monstre" (= la Kreutzer) en concert. Nous sommes arrivés (encore) à Edmonton en fin d'après-midi et sommes allés écouter l'ESO, son jeune chef en résidence Lucas Walden et l'excellente salle Winspear. J'en ai profité pour apprendre que Tchaikovsky a réutilisé quatre pièces de Mozart pour sa 4e suite pour orchestre, dont le célèbre et touchant "Ave Verum Corpus" pour le mouvement lent.

Demain nous entreprenons le dernier droit: 4 concerts en 4 soirs. Nous débutons ici à Leduc (banlieu d'Edmonton), pour ensuite se rendre en Saskatchewan.

À suivre!

M.

lundi 15 mars 2010

David Douglas Hart , le poète miracle

Snow Lake

Snow Lake est une petite communauté de 800 personnes au Nord du Manitoba. Nous avons fait 2h d’avion de Winnipeg, puis conduit 2h30, jusqu’au bout de la route. Vraiment. La route arrête ici. Nous sommes près du cercle arctique.

Une ville de mineurs. Quatre restos, une banque, une quincaillerie. Pas de mercerie. Pas de dentiste. Pas d’optométriste. Les mineurs font des bons salaires - 80 à 100 000$ par année - mais ne semblent pas l’investir dans l’immobilier. Les maisons sont de petits bungalows défraîchis. Tout a un aspect un peu sale, pauvre et vieux. Ça me rappelle le Nouveau-Brunswick de mon enfance. Il y a beaucoup d’alcool, de drogue et de jeu.

Toute poésie semble donc impossible ici. Inexistante. Toute? Non! Car un homme résiste encore et toujours à l’envahisseur!! David Douglas Hart, véritable héros moderne, entretient miraculeusement une vie qui défie les lois de l’inertie, et prouvent le pouvoir de l’esprit. Sa maison n’est pas plus grande que les voisins. Et pourtant, en entrant, on y trouve avant tout un superbe Yamaha 9 pieds (oui NEUF pieds!!C’est la grandeur des pianos à la Place des Arts) neuf et bien entretenu (l’accordeur ne vit qu’à 2h de route!) Tout près se trouve son petit frère, un U 5 aussi neuf (piano droit Yamaha de grande qualité). Au sous-sol se trouve un 3e piano et un superbe clavecin 2 claviers d’un facteur de Vancouver en excellent état.

Je ne vous ai pas parlé des tableaux : Marcelle Ferron, Molinari, Yves Gaucher, Jean McEwen, Betty Goodwin, Barbara Hepworth, Kenneth Lochhead, Jack Bush, Hideo Hagawara, Jonathan Forest... tous des originaux. Sans compter la collection d’argenterie, de samovars, de meubles, directement des 19e, 18e et 17e siècles, le thé blanc à 800$ la livre...

Un 4e piano droit est dans le garage, et partage l’espace avec une Mercedes de 1971. David ne la sort pas l’hiver pour la protéger du sel. Il marche donc pour aller travailler, à la pizzeria de son frère (!!!!!!). JS et moi sommes allés rouler et confectionner notre propre 10 pouces pour souper. Nous avons pu rencontrer la population du coin ainsi. Demain (lundi) il devrait y avoir une quarantaine de personnes (le salon est plein de chaises) aux deux concerts : celui pour les élèves et celui du soir.

En attendant, nous profitons de la collection impressionnante de DVDS pour reregarder Richter : The Enigma. À voir par tous. Extrêmement touchant. Et une incursion fascinante dans l’URSS. Il était définitivement un des pianistes les plus remarquables. Je l’aime.

Bref : un miracle!!

 

 

 

 

 

jeudi 11 mars 2010

Saint-Jean-Baptiste, Manitoba

Manitoba. 1 000 000 personnes. 500 000 à Winnipeg. 50 000 francophones. 5 %. Plusieurs vivent à St-Boniface, maintenant un quartier de Winnipeg, où Gabrielle Roy a grandi. J’ai d’ailleurs aperçu sa maison hier, de type canadienne française, transformée en Musée. Il y a aussi l’histoire de Louis Riel. À travers les brumes de mon cours d’histoire de secondaire 4 et les bribes d’information fournies par notre guide, je pense qu’il s’agit d’un Métis catholique francophone qui s’est révolté contre le puissant Canada anglais qui imposait une langue et une religion. Il y a avait sûrement aussi des questions d’argent. C’était au milieu du 19e siècle. Schumann composait. Il a fondé sa propre république, est rentré en guerre avec le Canada, a tué un homme, et s’est fait pendre. Maintenant ses statues parsèment Winnipeg. Ça sera intéressant d’en lire plus sur lui. L’histoire actualisée.

Donc 5%. À part St-Boniface, ils se concentrent au sud-ouest de la ville, au milieu de l’interminable et mystique plaine. St-Vital. St-Pierre. Ste-Agathe. St-Jean-Baptiste. 140 écoles. 4000 étudiants. 400 profs.

À St-Jean-Baptiste, nous faisons un « School show ». Les enfants sont attentifs et sympathiques. Je joue un clavier Roland à 88 touches. Là s’arrête la comparaison avec un piano. Dans le Rachmaninov, Jean-Sébastien avait peur que de la fumée sorte de la machine. Il doit y avoir un nombre maximum de notes que ça peut absorber en même temps, car la distorsion dans le son était impressionnante. Quand Jean-Sébastien leur a demandé s’ils avaient des questions, « mon cousin joue du piano » était une réponse fréquente.

Les ados nous ont fait des demandes spéciales. J’ai constaté que notre duo est mûr pour jouer Titanic sans pratiquer, et fait une interprétation intéressante de Star Wars. Nous avons établi la limite à Metallica, non pas par idéologie mais bien parce qu’on ne pouvait se souvenir de l’air...!

Visite edmontonienne

Tout ne va pas mal à Edmonton. Oui les Oilers perdent sans arrêt. Mais par contre, ils ont un tout nouveau Musée provincial à l’architecture inspirante. Et ils ont une superbe salle de concert. Comme Fort Saskatchewan est seulement à 30 minutes du centre-ville, nous sommes allés faire un tour après le concert dimanche, accompagnés d’un bon ami de Jean-Sébastien, Lucas Walden, l’assistant chef du ESO (Edmonton Symphony Orchestra).

La salle contient 1500 personnes mais donne l’impression malgré tout d’être assez intime. À entendre Jean-Sébastien remplir l’espace avec son violon seul, je peux facilement imaginer plaisir acoustique d’avoir un orchestre complet, ou encore avec un piano, à cet endroit.

J’aurai l’occasion de vérifier d’ailleurs car nous profiterons de notre retour dans la banlieue d’Edmonton (concert à Leduc jeudi soir) pour aller entendre Lucas diriger l’orchestre.

Premier concert

On ne sait jamais à quoi s’attendre. Il y a le meilleur et le pire. Mais nous étions agréablement surpris dimanche en arrivant au Shell Theatre du Dow Centennial Centre de Fort Saskatchewan, Alberta (!). Le Yamaha 6 pieds et demi était neuf et bien entretenu, et la salle, quoique plus « sèche » qu’on aurait voulu (comme la majorité des salles à vocation non classique) était fort sympathique.

Le premier concert s’est très bien passé. Je suis toujours étonné de constater que beaucoup de petits problèmes d’ensemble se placent d’eux-mêmes en concert. Une plus grande flexibilité, une plus grande concentration... qui sait? 

mardi 9 mars 2010

"I'm canadian"

Bon. 

Jean-Sébastien et moi sortions du All Canadian Superstore, -  un terrorisant Wal-Mart version canadienne, où il est impossible de trouver ce qu'on cherche, où il n'y a jamais personne pour vous aider, où les bananes guatémaltèques, les conserves de tomates et le mauvais fromage font bon voisinage avec les gaminets, les marteaux et les petites culottes, - et bien évidemment je ne me souvenais plus où était stationnée la charmante Versa rouge.

J'ai donc eu l'idée d'utiliser le système "avertisseur à distance" pour localiser la dite voiture. Or, comme j'abusais taquinement du procédé, un quidam winnipegois s'est avancé assez agressivement et a demandé à voir la preuve que nous n'étions pas en train de voler la gentille Versa. Comme je lui demandais lui-même qui il était, et s'il était chargé de surveiller le stationnement, il me répondit fièrement, avec un soupçon de hargne, en redressant la tête mais en gardant les yeux sévères: " I am a Canadian citizen, and I want to make sure that nobody is stealing a car"

Comme je m'étouffais de rire sur le chemin du retour, Jean-Sébastien musait bien à propos sur le bonheur de vivre dans une province décontractée, celle au fleur de lys.

M.